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28/11/2008

Sans domicile mais pas sans identité, DAL condammné purquoi ?

Ah on peut dire que j'ai tenu le coup j'ai essayé de ne pas trop publier de sujets déprimants mais là je n'y tiens plus ! On en est à 5 dans cette comptabilté morbide: celle des sans domicile fixe. Rien ne m'énerve plus que ces généralités, je m'etais déjà emporté sur ce blog sur l'anonymisation de ces humains disparus. Pourquoi ne pas donner leur nom ? et pourquoi pas faire un sujet de 5mn sur chacun d'entre eux. Quelle est leur histoire comment fait on pour se retrouver si démuni et si solitaire que seule le Bois de Vincennes ou un Pont de Paris peut vous servir de refuge. Pourquoi les priver de leurs statuts d'humains. Ce ne sont pas des numéros qui sont morts Mr 5 après Mr 4 et les autres :o(

A t'on perdu à ce point notre sensibilité et notre solidarité que l'on en soit toujours là au 21ème siècle ? Et puis cerise sur le gâteau de l'horreur le DAL (droit au logement) une des associations qui essaye de faire bouger les choses, vient d'etre condamné à 12.000 euros d'amende pour avoir obstrué Paris rue de la Banque (triste symbole) avec leurs tentes, mises à disposition de ces hommes dans la détresse !

Dans quel monde vit on ? Souvent nos politiques sont pathétiques mais là c'est le pompon :o( Je nai pas de solution miracle bien malheureusement mais j'enrage de ne pas pouvoir faire avancer les choses !

Commentaires

Tiens, ce matin j'ai entendu çà à la radio... ça alimente mes reflexions sur le sujet [ bah voui, je réfléchis quand je ne compte pas les frettes sur les manches de guitare! ;oD]
http://www.europe1.fr/popup/reecoute/(idconducteur)/91203/(idsequence)/1354

Donner une pièce ou acheter un sandwiche... déjà c'est pas mal.
Ne pas se détourner, regarder la personne, lui sourire... c'est déjà plus difficile mais on y arrive, si si! Et c'est énorme parce que n'importe qui, quelle que soit sa condition, n'existe que dans le regard de l'Autre.
Alors quelqu'un de perdu...

A part çà, ben faut que je gère au quotidien mon sentiment d'impuissance et ça...
:oS

Écrit par : La Trollette | 28/11/2008

1 SDF mort: tiens, c'est le début de l'hiver
2 SDF morts: on vous l'avait bien dit
5 SDF morts: et si on faisait une loi pour les héberger de force, manière de ne pas être accusés de "non assistance etc."...
10 SDF morts: eh ben, les pauvres!..
1000 SDF morts: " tu te rappelles la canicule de 2003?"

ce que je dis n'est pas humoristique ni moqueur: c'est quelque chose que vous entendrez si vous écoutez bien. qu'est-ce que ça signifie? je n'en sais rien; peut-être le reniement de notre statut "d'être humain", ou le recentrage forcé sur nos problèmes propres, plus immédiats, plus directs...et tellement plus personnels.

pour répondre plus directement à La Trollette, donner une pièce, je ne fais pas, un sandwich, oui; parler et sourire, ça m'est facile. que répondre à l'agression? (ne nous voilons pas la face, et regardons toutes les facettes du problème).

hélas, 3 fois hélas, ça n'est pas qu'une histoire de bons et de méchants, pour avoir cotoyé le problème et le faire encore de très près (soins des animaux que les SDF nous apportent, on fait partie de ceux qui ne les virent pas "à vue"), j'ai l'occasion régulière de discuter avec certains: vous ne pouvez pas imaginer le nombre de SDF "de ma clientèle" morts dans les 5 dernières années avant l'âge, disons, de 35 ans. et pas en hiver, le plus souvent de mort violente. quand on demande pourquoi, ou qui? "omerta".

un terrible problème, extrèmement complexe. dans mes clients? un "ex-chef d'entreprise", un travailleur social, et d'autres plus "anonymes" qui ne souhaitent pas m'en dire plus. mais quand un gars vient vous voir, commence à vous parler ("bon, c'est quand qu'il va me demander des sous?"), puis vous dit en souriant tristement au bout de 10 minutes, "bon, je vous laisse, je vois que vous avez du travail, ça m'a fait du bien de parler avec vous", quelque chose vous tombe sur le dos.

la honte.

Écrit par : Lefty | 28/11/2008

Lefty > ah ben oui çà, l'agression, quoi répondre... la fuite?
Franchement, je n'en sais rien, je n'ai jamais été confrontée au problème jusqu'à présent, même si parfois ça ne commençait pas sous les meilleures augures... Mais je ne les côtoie pas d'aussi près que toi, juste sur mes trajets à pied ou en métro. Et c'est évident que parmi ceux qui errent dans les rues, un certain nombre sinon un nombre certain auraient besoin d'une prise en charge psychiatrique.

La pièce, ce n'est pas ce que je préfère. Et tu veux que je te dise? Quand je la donne, c'est parce que je sais que je ne supporterai pas un refus de sandwiche de plus. C'est évident que donner de l'argent, c'est une manière de ME protéger sans forcément que ça aide l'autre... j'en ai bien conscience... mais enfin, si je vais mal, même temporairement, ça n'aidera personne à aller mieux...

Certains sont dans un tel état que j'en pleurerais tellement ça me heurte que des choses pareilles existent... d'ailleurs je n'arrive pas toujours à me contenir... m'enfin ça ne les aide pas non plus...

Il y a environ deux ans, je revenais d'une séance de shopping avec une copine. On arrive à l'immeuble, les bras chargés de paquets, un petit gars tout maigre, tout crade l'interpelle. "Bonjour, vous me reconnaissez?" C'était un ancien copain de classe de sa fille... le gamin n'avait pas 18 ans et s'était barré de chez lui parce qu'il ne supportait plus son père, parce que quand il vivait chez son père, il n'y avait que la drogue qui lui permettait de supporter son chantage affectif mais il n'en voulait plus de la dope. On a un peu parlé avec lui mais il est parti vite, il était super inquiet pour son chien parce qu'il avait du le laisser à la porte du foyer la veille au soir et qu'il était en retard pour trouver une place pour la nuit à venir... et encore, c'était l'été, alors bon, c'était moins pire s'il dormait dehors et au moins il aurait son chien avec lui pour lui tenir chaud, lui donner de l'affection et garder ses maigres possessions... il n'a rien voulu, ni argent, ni nourriture, rien... 17 ans et déjà un an de rue... 17 ans et le choix entre la drogue ou la rue...
la honte, la colère, l'impuissance... j'en ai pas dormi pendant deux semaines de cette rencontre... et ça me remue encore régulièrement... mais j'ai pas le courage d'aller dans une association.

Tu sais ce qui me dégoûte le plus pour cette année? C'est comment pour déjà au moins deux de ces morts, il est précisé que "d'après les premiers examens, il ne serait pas mort de froid"... là, c'est carrément la nausée qui me vient...
:o(

Écrit par : La Trollette | 28/11/2008

@ La Trollette
je ne veux pas squatter le blog de Jipes, et en faire un forum (mais, après tout, il n'a qu'à arrêter de parler de choses qui nous remuent! - mais ça, je crois qu'il ne peut pas ^^). concernant les agressions, hélas, j'y ai eu droit plusieurs fois (rarement dans "ma" ville, bizarrement, ben non, pas bizarrement, y'en a toujours un qui me reconnait...), mais je suis d'un naturel peu conciliant...ça s'est toujours bien terminé pour moi.
il existe une violence intrinsèque à ce monde de la rue, des comportements incompréhensibles à celui qui regarde de l'extérieur. on les attribue à la drogue et à l'alcool, à tort ou à raison, mais le pire de ces comportements s'exerce entre SDF, c'est là le plus terrible, rappelez vous de ces 7 meurtres en été à Montauban dans les années 90, j'y exerçais à l'époque, il s'agissait de racket entre SDF. incroyable.
je n'aime pas la culpabilité, donc je me refuse à culpabiliser pour cette question (j'ai assez de motifs pour le faire à d'autres titres), mais j'ai du mal à accepter cette réalité, et à vivre en la cotoyant. parce que c'est inacceptable. le "choix" même de cette vie me parait inacceptable. par contre, je ne suis pas assez malin pour inventer une solution, et pas assez "motivé" pour m'engager (très, très ingrat, comme beaucoup de bénévolats sociaux).
alors, je ferme un peu les yeux et j'écoute de la musique, je suis un lâche...

Écrit par : Lefty | 28/11/2008

J'ai lu avec attention tous vos commentaires et depuis le début de ce post un 6ieme SDF est DCD que faire ?

Il a environ 3 ans, j'habitais Paris et tous les soirs en promenant mon chien je rencontrais un sdf lourdement chargé qui venait dormir dans un coin de porte. Il disparaissait toute la journée. Et un matin les pompiers sont arrivés avec un sac pour transporter le corps de ce malheureux qui était mort seul dans son coin comme un chien! Tout le monde a culpabilisé, moi y compris mais que faire? Je suis un peu comme Lefty, je tourne un peu la tête.
Ecoutez sur mon blog la chanson de Beverly Jo Scott "Dormir au chaud"

Écrit par : jeanmimi | 28/11/2008

Tu ne peux pas t'en empêcher hein Jipes ;-) Mais t'as bien raison. Des nouvelles comme ça, c'est assez révoltant. Et les choses vont empirer. On va peut être se rendre compte un jour qu'aider l'autre, c'est s'aider soi-même. Je viens de lire une article sur le blog de NJ, parlant des SDF à Toulouse... plus de 4000 dans les rues... J'ai un ancien pote de mes 16 ans, qui est devenu SDF dans une ville piétonnière dans mon coin. J'ai un peu parlé avec lui, il n'était pas fier de sa condition, mais lui, c'est l'argent qu'il veut, pour l'alcool et la drogue... La dernière fois que je l'ai croisé, il parlait avec une sdf et je l'entendais dire : "ma mère ne veut plus me filer de fric". Au départ, il avait ses chances comme tout le monde, son père était pharmacien... Qu'est-ce qui a foiré ? Son adolescence... parents séparés... aucun soutien... ???
Y'a-t-il de la place pour tout le monde dans notre société ? Je ne crois pas, et je crois qu'il y en aura de moins en moins... demain ce sera peut-être nous qui serons dans la rue. Peut-être moi ? Qui sait ?

Écrit par : G.Mike | 29/11/2008

La vie, c'est violent n'est ce pas ?
Ici aux US par exemple, d'apres une etude recente, la classe moyenne est a 60 jours de la rue....un pepin physique, une maladie, un accident de la route ou du travail, un divorce, une perte de job brutale, et 60 jours de factures non payees suffisent a vous transformer en 'SDF'..en France c est moins brutal sans doute quoique...nous sommes quand meme presque tous des 'SDF' en puissance, tout sophistiques occidentaux que nous sommes, avec nos certitudes sur 'les droits de l'homme' , notre 'humanisme', notre 'democratie', notre droit d'ingerence (pffff), nos telethons et toutes ces conneries auxquelles on nous fait croire pour masquer le fait que notre modele de societe est tout aussi feodal et violent que celui de n'importe quelle tribu de babouins ou de societe humaine 'sauvage', 'obscurantiste' ou 'radicale' ( si vous voyez ce que je veux dire).
Les dominants dominent en faisant ce qu'il faut pour garder le status quo, et les domines souffrent jusqu'a la prochaine revolution, ou les domines renverseront les dominants pour automatiquement repeter le schema a leur avantage aux depends de nouveaux domines ( cf la revolution francaise par exemple ) ; tout ca est pathetique de primitivite j'en conviens, et pourtant ce sont la des mecanismes universels...pour s affranchir de ces mecanismes, il faudrait que l humanite toute entiere en prenne conscience un jour...je crois que meme Laborit qui a decrit tout ca tres bien avait finalement peu d'espoir et avait choisi la fuite plutot que le combat.

Écrit par : fusion | 29/11/2008

Merci à tous pour vos commentaires je vois que nous sommes tous aussi démunis devant ces injustices, Fusion c'est carrément tout en noir aujourdhui :o( Je me doute bien que les puissants font tout ce qu'il faut pour nous maintenir dans notre statut d'oppressé en distribuant quelques maigres subsides pour que la populace se tiennent tranquille mais tu me para-it etre qq peu excessif. Moi je veux continuer à espérer dans l'Homme...

Écrit par : jipes | 30/11/2008

Jipes, pour moi c'est l'esperance en l 'homme a tout prix, en depit de toute evidence objective, qui me parait representer une sorte de radicalisme mystique....l'humanisme est une religion bien trop 'excessive' pour moi ;-)
Je me permets de te recommender la lecture de "L'eloge de la fuite" de Henri Laborit...sa biosociologie devrait t'interesser, j'en suis presque sur.

Écrit par : fusion | 30/11/2008

"....Quelle est leur histoire , comment fait on pour se retrouver si démuni et si solitaire qu 'un Pont de Paris peut vous servir de refuge. ...."

Oui , le terme "SDF" est si anonyme qu'il empêche de deviner qu'il s'agit d'un être humain qui a un passé , une histoire , des souffrances , des espoirs , des attentes , des besoins .

Oui , la télé nous montre tant de choses inutiles , bètes , futilees , qu'elle serait bien dans son role de service public , c'est à dire d'utilté publique , à conscacrer , comme vous le dites , quelques minutes , de temps en temps , pour montrer la réalité du vécu , heure par heure , de ces êtres qui sont tellement comme tout le monde .

Merci d'avoir rappelé cette vérité que nous oublions tous .

Écrit par : Jean | 30/11/2008

il y a une chose qui me fait bondir...pourquoi on en parle que l'hiver??? ça commence d'abord avec cette fameuse date buttoir à laquelle ton proprio n'a plus le droit de te mettre dehors...c'est vrai qu'en mars il fait de grosse chaleur...
mais l'été on en parle pas, bien non l'ete tu peux dormir à la belle etoile ça gene personne.. par contre l'hiver du froid t'en creves...
alors on se donne bonne conscience on se dit qu'on va les prendre de force, qu'on les heberge, mais ensuite au petit matin hop t'es gentil tu retournes à la rue... c'est pas que la nuit qu'ils ont besoin d'aide... ni seulement l'hiver, c'est une histoire de longue haleine...
ce sont ils demandé pourquoi ils ne veulent pas y aller dans ces refuges?? il y a bien une raison à ça, c'est peut etre cette raison aussi qu'il faut "traiter"...

Écrit par : Fa | 01/12/2008

Fa--->Absolument ils refusent d'aller dans ces centres à cause de la violence qui y règne mais que fait le gouvernement puisque c'est connu depuis longtemps ? Rien ! C'est plus facile de laisser le DAL etre condamné par la justice pour avoir défiguré les beaux quartiers de la Capitale

Écrit par : jipes | 01/12/2008

...
http://www.lexpress.fr/actualite/economie/les-millionnaires-une-espece-en-voie-de-proliferation_516393.html?xtor=RSS-96

malgré nos "épuisements" pour en parler, malgré nos efforts, malgré nos oeillères, malgré notre non-intérêt,
eux (ci-dessus) qui ont tout... s'ils finissaient par donner ? ???
... mais cela changerait-il quelquchose ? - ou l'HOMME, redevenant celui qu'il est, trouverait de nouveau à "en profiter" ??
c'est un véritable dilemne mon ami Jipes, et ce n'est pas fini malheureusement !!!

Écrit par : doume | 01/12/2008

Doume--->Si ils commencaient par arreter de désatabiliser l'économie des pays pauvres ce serait déjà un grand pas en avant je pense :o(

Écrit par : jipes | 01/12/2008

hey jipes... j'ai fait un commentaire en début de PM est-il resté bloqué ?
amitiés
Doume

Écrit par : doume | 01/12/2008

Doume--->En début de PM kesaco ?

Écrit par : jipes | 01/12/2008

Je suis de tout coeur avec ce que vous écrivez !

Écrit par : Jean | 12/12/2008

Jean--->J'aimerais bien en faire plus d'ailleurs....

Écrit par : jipes | 13/12/2008

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