05/09/2007
Les Médias, les journalistes et le Pouvoir
Comment est ce que vous trouvez le traitement des infos dans les médias je rebondis içi suite à une excellente discussion chez l'ami Mike (décidemment en deux jours hein ;o) ). Coincidence j'ouvre ma boîte aux lettres mail et je lis l'éditorial de Daniel Mermet un journaliste historique de France Inter avec son émission poil à gratter Là Bas si j'y suis. Voilà ce qu'il écrit par rapport aux médias attention armez vous de patience c'est long mais très bien argumenté. Enfin c'est ce que j'en pense a vous de vous faire votre opinion ! A savoir que comme par hasard l'émission a été déprogrammée l'année dernière en pleine campagne électorale, curieux ? Est ce un genre de contagion qui a vu ensuite disparaitre l'émission de décortiquage des médias de Daniel Schneiderman Arrêt sur Images (voir leur blog collaboratif)
Alors volonté de ne voir qu'une sele tête ou bien parano ?
Chers amis,Chers AMG,
Là-bas c’est reparti, mais quel leurre est-il ?
Même sur la plus perdue des îles du Pacifique, même au fond d’un bunker à 100 mètres sous terre, il était là. Dans le coffre de la voiture, dans le placard, il était là, sous le lit, dans le lit. Le matin sous les tartines, il était là. Nous avons tous passé l’été avec lui. Chaque jour, chaque nuit, chaque seconde. Et ça continue.
Et nous les Français ça nous plaît. Et les médias français aussi, ça leur plaît.
Son bourrelet effacé par Paris Match, l’angine blanche de Cécilia, la visite à notre ami Bongo comme à notre ami Bush, on en redemande, la centrale nucléaire à notre ami Kadhafi, le frère de Rachida sévèrement condamné, DSK qui serait G., l’amant de Yasmina, on en veut encore. C’est ce que nous disent les médias, ça nous plaît.
Les médias se régalent. Chaque jour, il leur fournit tout chaud le nouvel épisode qui accroche l’audience. Du croustillant, du compassionnel, de l’ emphatique. Faut que ça mousse. Chaque jour Zorro, Kennedy, Malraux et Michel Sardou à lui tout seul. L’Italie nous envie : même Berlusconi ne faisait pas aussi fort. C’est l’unanimité, de l’Express à Charlie hebdo, de Jean-Marie Le Pen à Michel Rocard, la France est derrière lui.
Oh, bien sûr il y a des revers, et même d’énormes revers. Il y aussi des choses énormes…
… à faire avaler au bon peuple. Mais dans ce cas on connaît la recette, vous prenez un fait-divers et vous le gonflez au maximum, qu’il prenne toute la place. Le fait-divers fait diversion. Les médias vous font ça très bien. En France jamais les médias n’ont été aussi agenouillés qu’aujourd’hui. Les journalistes, ça les écoeure, bien sûr et ça commence à fermenter dans ce petit monde. L’enquête annuelle Sofres publiée par La Croix en février 2007, ne donnait pas de quoi pavoiser. Croyez-vous que les journalistes sont indépendants, c’est-à-dire qu’ils résistent aux pressions des partis politiques et du pouvoir ? Réponse, NON à 63%. Qu’ils résistent aux pressions de l’argent ? NON à 60% !
Mais que voulez-vous, il y a la trouille de perdre sa place, ou de se retrouver dans un placard. Et il y aussi les contraintes d’audience. Un bon pédophile vous fait dix jours alors que la perte de recette fiscale de 13 milliards que coûte le bouclier fiscal ça intéresse qui au juste ? Oui, dix jours , il nous a fait, Francis Evrard le pédophile. La récidive, le Viagra et « la castration chimique » ! « Ce traitement hormonal appelez-le castration chimique, les mots ne me font pas peur » Alors là, bravo l’artiste ! Ah, bien sûr les conseillers en COM’ sont excellents, rien n’arrête les « spin doctors » de l’Elysée et les sondeurs n’arrêtent pas de sonder, mais sans un tel artiste, ça ne marcherait pas aussi bien. Voyez ce brave François Hollande, avec sa nouvelle compagne, à peine 15 000 euros d’indemnité et tout juste une petite journée de ragots. Alors qu’avec notre agité de l’Elysée plus c’est gros et plus ça marche. Il lance quelques notes et l’orchestre des médias reprend en chœur. Il n’a qu’à siffloter le début. Non pas qu’il domine les médias, attention. Ce n’est qu’un échange de bons procédés. L’oligarchie médiatique ne fait que défendre ses intérêts qui sont mêlés à ceux de l’oligarchie économique qui sont mêlés à ceux de l’oligarchie politique. Chacune des oligarchies à la fois se sert et sert les deux autres. Appelez ça connivence, les mots ne me font pas peur.
Et lui n’est qu’un leurre dans cette histoire. Et nous les dindons.
Des dindons béats, les sondages le disent, c’est donc vrai, voilà la réalité. Karl Rowe, l’éminent conseiller de George W Bush, le disait sans complexe, « Nous sommes un empire, désormais nous créons notre propre réalité » (*)
Mais ce n’est pas tous les Français, évidemment. Il y a les effaceurs de bourrelet, mais il y a aussi des râleurs qui dénoncent la peopolisation, la personnalisation, « le coup d’éclat permanent », « le tout à l’ego ». Pour l’instant c’est la lèche, mais ça ne durera pas disent ces mauvais perdants en guettant le premier faux pas du petit trapéziste. Ils se répètent la formule qui dit bien les revirements du peuple ingrat, « Je lèche, je lâche, je lynche ». Mais laissons ces Tartuffes, eux aussi profitent de l’aubaine, la contestation se vend bien, et c’est tant mieux. En mal, en bien, c’est encore de lui dont on parle et c’est ça qui compte. L’U.B.M. L’Unité de Bruit Médiatique. Voilà l’unité de mesure de cette gouvernance. Et sur cette échelle-là, il atteint des sommets. Un tintamarre qui écrase toutes les autres voix. Boute en train ! trompe couillon ! Embobineur ! Vous pouvez vous égosiller, personne ne vous entend. Revenez dans quelques mois, ou quelques semaines…Mais soyez attentifs. Ne comptez pas trop sur les grands médias pour vous prévenir quand le vent tournera.
Car si la plupart des médias roulent pour lui, lui aussi roule pour la plupart des médias. Prenons un exemple au hasard, France Inter. Doit-il remercier France inter ? En tout cas France Inter peut le remercier. Grâce aux élections, l’audience a remonté. Et l’audience pour nous c’est sacré. Littéralement sacré. Or selon les sondages publiés en juillet pour la période, avril juin 2007, France inter a enrayé son déclin, avec 10 points d’audience. Sans retrouver son audience d’avant 2004 (10.6) ni tous les auditeurs envolés lors de la campagne pour le référendum de mai 2005. Les récentes élections ont permis de retrouver de l’audience, dans les tranches d’information, notamment la tranche du matin. Mais aussi grâce à « Là-bas » !
Malgré la marginalisation de l’émission à 15 heures, Là-bas a doublé l’audience de cette tranche passant de 150 000 à 300 000 auditeurs en un an. Une performance pour cette tranche ingrate ! Pour autant, la relégation de l’émission a fait perdre 200 000 auditeurs par rapport à l’audience qu’avait « Là-bas » à 17 heures soit 500 000 auditeurs.
Mais, vous vous en souvenez, bien sûr, la direction n’avait absolument pas la volonté d’étouffer « Là-bas », quelle idée, une si formidable émission, un tel monument, pensez-vous, non, il s’agissait simplement de programmer une autre émission qui ferait beaucoup plus d’écoute dans l’intérêt de notre belle radio. Il s’agissait d’un « talk show culturel » conçu par le nouveau directeur lui-même, « un mélange de Bouvard et du Masque et la Plume ». L’animation en fut confiée à Frédéric Bonnaud qui constitua son équipe.
Mais hélas, le résultat ne fut pas à la hauteur des ambitions directoriales. En moins de 6 mois, 250 000 auditeurs quittèrent cette tranche horaire qualifiée de « moment noir de la journée » par la direction de Radio France elle-même ! Une claque. Et qui paya ? Bonnaud pardi ! Viré ! Après six années, viré non seulement de France Inter mais de tout Radio France ! Une mesure ubuesque qui entraîna une journée de grève à la fin juin.
C’est ainsi chaque année avant l’été, le Prince fait tomber quelques têtes dans la sciure médiatique, au gré de son humeur ou de ses intérêts à la Cour. De fortes têtes de préférence, des têtes d’hérétiques ou de récalcitrants. À l’évidence il s’agit de faire un exemple pour maintenir la docilité des troupes. « Si celui-là est viré, pourquoi pas moi demain? ». Quand les têtes rentrent dans les épaules, la fabrique de l’opinion peut fonctionner sans encombre, plus lisse, plus conforme, plus neutre et donc plus neutralisante.
Chaque année bien sûr, les victimes se débattent. Avocat, pétition, campagne de presse, menace de grève. Beaucoup plus de bruit que n’en font les ouvrières d’une usine du Pas-de-Calais quand tombe le plan social, c’est vrai. Certes, le licenciement de Frédéric Bonnaud n’est pas un pire drame humain que celui de Marie-Hélène Bourlard, de LVMH (voir nos émissions de mai 2007). Mais la soumission et la normalisation des médias, c’est la réduction des têtes. Et donc des possibles. Cette ligne de front est essentielle.
Là-bas c’est reparti, mais quel leurre est-il ?
Même sur la plus perdue des îles du Pacifique, même au fond d’un bunker à 100 mètres sous terre, il était là. Dans le coffre de la voiture, dans le placard, il était là, sous le lit, dans le lit. Le matin sous les tartines, il était là. Nous avons tous passé l’été avec lui. Chaque jour, chaque nuit, chaque seconde. Et ça continue.
Et nous les Français ça nous plaît. Et les médias français aussi, ça leur plaît.
Son bourrelet effacé par Paris Match, l’angine blanche de Cécilia, la visite à notre ami Bongo comme à notre ami Bush, on en redemande, la centrale nucléaire à notre ami Kadhafi, le frère de Rachida sévèrement condamné, DSK qui serait G., l’amant de Yasmina, on en veut encore. C’est ce que nous disent les médias, ça nous plaît.
Les médias se régalent. Chaque jour, il leur fournit tout chaud le nouvel épisode qui accroche l’audience. Du croustillant, du compassionnel, de l’ emphatique. Faut que ça mousse. Chaque jour Zorro, Kennedy, Malraux et Michel Sardou à lui tout seul. L’Italie nous envie : même Berlusconi ne faisait pas aussi fort. C’est l’unanimité, de l’Express à Charlie hebdo, de Jean-Marie Le Pen à Michel Rocard, la France est derrière lui.
Oh, bien sûr il y a des revers, et même d’énormes revers. Il y aussi des choses énormes…
… à faire avaler au bon peuple. Mais dans ce cas on connaît la recette, vous prenez un fait-divers et vous le gonflez au maximum, qu’il prenne toute la place. Le fait-divers fait diversion. Les médias vous font ça très bien. En France jamais les médias n’ont été aussi agenouillés qu’aujourd’hui. Les journalistes, ça les écoeure, bien sûr et ça commence à fermenter dans ce petit monde. L’enquête annuelle Sofres publiée par La Croix en février 2007, ne donnait pas de quoi pavoiser. Croyez-vous que les journalistes sont indépendants, c’est-à-dire qu’ils résistent aux pressions des partis politiques et du pouvoir ? Réponse, NON à 63%. Qu’ils résistent aux pressions de l’argent ? NON à 60% !
Mais que voulez-vous, il y a la trouille de perdre sa place, ou de se retrouver dans un placard. Et il y aussi les contraintes d’audience. Un bon pédophile vous fait dix jours alors que la perte de recette fiscale de 13 milliards que coûte le bouclier fiscal ça intéresse qui au juste ? Oui, dix jours , il nous a fait, Francis Evrard le pédophile. La récidive, le Viagra et « la castration chimique » ! « Ce traitement hormonal appelez-le castration chimique, les mots ne me font pas peur » Alors là, bravo l’artiste ! Ah, bien sûr les conseillers en COM’ sont excellents, rien n’arrête les « spin doctors » de l’Elysée et les sondeurs n’arrêtent pas de sonder, mais sans un tel artiste, ça ne marcherait pas aussi bien. Voyez ce brave François Hollande, avec sa nouvelle compagne, à peine 15 000 euros d’indemnité et tout juste une petite journée de ragots. Alors qu’avec notre agité de l’Elysée plus c’est gros et plus ça marche. Il lance quelques notes et l’orchestre des médias reprend en chœur. Il n’a qu’à siffloter le début. Non pas qu’il domine les médias, attention. Ce n’est qu’un échange de bons procédés. L’oligarchie médiatique ne fait que défendre ses intérêts qui sont mêlés à ceux de l’oligarchie économique qui sont mêlés à ceux de l’oligarchie politique. Chacune des oligarchies à la fois se sert et sert les deux autres. Appelez ça connivence, les mots ne me font pas peur.
Et lui n’est qu’un leurre dans cette histoire. Et nous les dindons.
Des dindons béats, les sondages le disent, c’est donc vrai, voilà la réalité. Karl Rowe, l’éminent conseiller de George W Bush, le disait sans complexe, « Nous sommes un empire, désormais nous créons notre propre réalité » (*)
Mais ce n’est pas tous les Français, évidemment. Il y a les effaceurs de bourrelet, mais il y a aussi des râleurs qui dénoncent la peopolisation, la personnalisation, « le coup d’éclat permanent », « le tout à l’ego ». Pour l’instant c’est la lèche, mais ça ne durera pas disent ces mauvais perdants en guettant le premier faux pas du petit trapéziste. Ils se répètent la formule qui dit bien les revirements du peuple ingrat, « Je lèche, je lâche, je lynche ». Mais laissons ces Tartuffes, eux aussi profitent de l’aubaine, la contestation se vend bien, et c’est tant mieux. En mal, en bien, c’est encore de lui dont on parle et c’est ça qui compte. L’U.B.M. L’Unité de Bruit Médiatique. Voilà l’unité de mesure de cette gouvernance. Et sur cette échelle-là, il atteint des sommets. Un tintamarre qui écrase toutes les autres voix. Boute en train ! trompe couillon ! Embobineur ! Vous pouvez vous égosiller, personne ne vous entend. Revenez dans quelques mois, ou quelques semaines…Mais soyez attentifs. Ne comptez pas trop sur les grands médias pour vous prévenir quand le vent tournera.
Car si la plupart des médias roulent pour lui, lui aussi roule pour la plupart des médias. Prenons un exemple au hasard, France Inter. Doit-il remercier France inter ? En tout cas France Inter peut le remercier. Grâce aux élections, l’audience a remonté. Et l’audience pour nous c’est sacré. Littéralement sacré. Or selon les sondages publiés en juillet pour la période, avril juin 2007, France inter a enrayé son déclin, avec 10 points d’audience. Sans retrouver son audience d’avant 2004 (10.6) ni tous les auditeurs envolés lors de la campagne pour le référendum de mai 2005. Les récentes élections ont permis de retrouver de l’audience, dans les tranches d’information, notamment la tranche du matin. Mais aussi grâce à « Là-bas » !
Malgré la marginalisation de l’émission à 15 heures, Là-bas a doublé l’audience de cette tranche passant de 150 000 à 300 000 auditeurs en un an. Une performance pour cette tranche ingrate ! Pour autant, la relégation de l’émission a fait perdre 200 000 auditeurs par rapport à l’audience qu’avait « Là-bas » à 17 heures soit 500 000 auditeurs.
Mais, vous vous en souvenez, bien sûr, la direction n’avait absolument pas la volonté d’étouffer « Là-bas », quelle idée, une si formidable émission, un tel monument, pensez-vous, non, il s’agissait simplement de programmer une autre émission qui ferait beaucoup plus d’écoute dans l’intérêt de notre belle radio. Il s’agissait d’un « talk show culturel » conçu par le nouveau directeur lui-même, « un mélange de Bouvard et du Masque et la Plume ». L’animation en fut confiée à Frédéric Bonnaud qui constitua son équipe.
Mais hélas, le résultat ne fut pas à la hauteur des ambitions directoriales. En moins de 6 mois, 250 000 auditeurs quittèrent cette tranche horaire qualifiée de « moment noir de la journée » par la direction de Radio France elle-même ! Une claque. Et qui paya ? Bonnaud pardi ! Viré ! Après six années, viré non seulement de France Inter mais de tout Radio France ! Une mesure ubuesque qui entraîna une journée de grève à la fin juin.
C’est ainsi chaque année avant l’été, le Prince fait tomber quelques têtes dans la sciure médiatique, au gré de son humeur ou de ses intérêts à la Cour. De fortes têtes de préférence, des têtes d’hérétiques ou de récalcitrants. À l’évidence il s’agit de faire un exemple pour maintenir la docilité des troupes. « Si celui-là est viré, pourquoi pas moi demain? ». Quand les têtes rentrent dans les épaules, la fabrique de l’opinion peut fonctionner sans encombre, plus lisse, plus conforme, plus neutre et donc plus neutralisante.
Chaque année bien sûr, les victimes se débattent. Avocat, pétition, campagne de presse, menace de grève. Beaucoup plus de bruit que n’en font les ouvrières d’une usine du Pas-de-Calais quand tombe le plan social, c’est vrai. Certes, le licenciement de Frédéric Bonnaud n’est pas un pire drame humain que celui de Marie-Hélène Bourlard, de LVMH (voir nos émissions de mai 2007). Mais la soumission et la normalisation des médias, c’est la réduction des têtes. Et donc des possibles. Cette ligne de front est essentielle.
19:46 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : là bas si j'y suis, lbsjs, médias, éditorial, daniel mermet, arrêt sur images, daniel schneiderman
Commentaires
Jipes,
Je lis ton blog régulièrement.. Ce que tu écris est parfois trop intime pour que je me permette de faire des remarques. Mais je me sens (sans te connaitre) proche de toi. Savoir que tu es toi aussi un auditeur de Mermet, me fait plaisir. Finalement, c'est logique : Jipes Modeste et génial. ;-)
Écrit par : pentaminor | 05/09/2007
Pentaminor--->Pas de soucis je comprends pas toujours évident de commenter mes posts ;o) Reste a se rencontrer un jour parce que nous avons beaucoup de goûts en commun et savoir que tu suis LBSJS ne m'étonne guère !
Écrit par : Jipes | 06/09/2007
Les commentaires sont fermés.